Biennale UNAFORIS 2014 : le travail social évolue. 🗓
La troisième Biennale de l’UNAFORIS (Union nationale des associations de formation et de recherche en intervention sociale) s’est déroulé les 19 et 20 novembre 2014 à Saint-Ouen avec pour thème « Les formations sociales en transformation : l’affaire de tous ? »
Laure Lechatellier, vice-présidente en charge de l’Action sociale, des Formations sanitaires et sociales, de la Santé et du Handicap, était présente à la table-ronde de clôture de la biennale sur les enjeux de la transformations des formations sociales, aux côtés de Geneviève Besson, directrice d’études chargée de l’évaluation et de la prospective sociales chez Conseil Général de l’Eure et Fabienne Maillard, professeure en Sciences de l’éducation – Université de Lille 3.
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Contexte général en Ile-de-France
Les régions ont une responsabilité en matière de formations sanitaires et sociales depuis 10 ans (loi de décentralisation de 2004). Aujourd’hui ces formations représentent 2 282 places agréées en Ile-de-France, soit près de 7000 étudiants sur les 12 187 étudiants franciliens (19% du national).
En 10 ans, la Région Ile-de-France a pris la mesure des problématiques du secteur du travail social, et y a mis les moyens :
- + 13% de places agréées
- + 21,6% sur le financement des centres
- + 17,4% sur les bourses des étudiants des FSS
- Soit : 6,4 millions d’euros en plus sur le social depuis 2008 !
Ce sont des métiers d’utilité sociale, qui crée du liant dans notre société, qui permet de lutter contre toutes les formes d’exclusion. 165 500 professionnels du travail en Ile-de-France. Ce sont des emplois durables, non délocalisables, avec de très bons résultats d’insertion professionnelle. Enfin, la région Ile-de-France est très sensible à la question de l’aménagement du territoire. A ce titre, le maillage territorial des centres de formation est pour nous très précieux. Nous sommes donc très attachés aux centres de formation dans leur localisation actuelle, qu’il s’agisse d’enseignement supérieur ou d’infra-bac. L’université n’est pas capable d’appréhender cela pour l’instant. En revanche des conventions et des partenariats avec l’université doivent bien sûr être développés. Nous sommes donc très vigilants sur le dossier de l’universitarisation des formations sanitaires et sociales.
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Les évolutions sociales et sociétales en cours
Les grandes évolutions de notre société affectent déjà et affecteront demain encore davantage les métiers du travail social :
- Le contexte économique nous vient immédiatement à l’esprit. La crise du productivisme accroît les inégalités sociales. Aujourd’hui 6% des Franciliens touchent le RSA, et nous voyons réapparaître la grande pauvreté. Dans le même temps, 150 bidonvilles sont installés en Ile-de-France dans des conditions sociales et sanitaires d’un autre âge.
- L’émancipation des femmes crée des besoins accrus sur les modes de garde des jeunes enfants. Le métier d’EJE (Éducateur de Jeunes Enfants) est en tension. La Région a entrepris une hausse progressive des places sur cette formation (135 ouvertures depuis 2011) qui sera encore poursuivie à la rentrée 2015.
- Le vieillissement de la population entraînera également une tension sur les métiers d’AMP (aide médico-psychologique) et AVS (auxiliaire de vie sociale).
- Mais c’est plus globalement la question de la dépendance liée à l’explosion des maladies chroniques qui nous interroge le plus. Nous vivons aujourd’hui plus longtemps mais en moins bonne santé. Cette évolution est essentiellement liée à la pollution, à la dégradation de notre environnement. Elle a des conséquences importantes pour les métiers de sanitaire mais aussi pour les travailleurs sociaux.
Ces évolutions touchent aussi les étudiants en travail social, d’autant que nous savons que 67% vos étudiants ont un ou deux parents employés, ouvriers ou inactifs. Les formations en travail social attirent majoritairement des jeunes issus de milieux populaires, parfois de familles elles-mêmes accompagnées socialement. Cela nous a amené à réfléchir aux moyens d’améliorer l’accès aux formations. C’est pour cela que la Région a souhaité être exemplaire sur l’accompagnement des étudiants :
- Avec l’alignement des bourses des formations en travail social sur les critères de l’enseignement supérieur.
- Avec la création du FRAS – Fonds régional d’Aide Sociale – pour les étudiants en difficulté.
- Avec une aide dans la recherche d’un logement via la convention que nous avons passée avec l’URFJT – Union régionale des foyers de jeunes travailleurs.
- Avec un soutien particulier aux étudiants en situation de handicap, avec par exemple notre soutien aux étudiants déficients visuels en formation d’EJE.
Le travail social est plus globalement le bras armé de notre projet de société : aller vers une société totalement inclusive. Les défis sont donc nombreux.
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Les formations en travail social évoluent également
Les formations en travail social sont évidemment à interroger face aux évolutions sociales et sociétales. Elles doivent préparer au mieux les futurs professionnels. C’est l’objet des Etats généraux du travail social, auxquels la Région participe activement.
Nous allons assister à une refondation du travail social, qui doit répondre à trois objectifs ambitieux :
- mieux répondre aux attentes des usagers,
- redonner du sens et valoriser l’action des professionnels
- rendre les professionnels acteurs de la mise en œuvre des politiques sociales
Les travailleurs sociaux sont confrontés à des situations de plus en plus complexes. Les différentes problématiques se cumulent chez une même personne en situation de précarité ou d’exclusion sociale. La réinsertion passe alors par un parcours global, qui nécessite une équipe pluridisciplinaire. Dès la formation, il est important que les futurs professionnels du social et de la santé puissent se parler, travailler ensemble. L’exemple des crèches (AP, P, EJE) est très parlant ! Nous pourrions imaginer que des filières « Petite enfance » se développent, que des synergies pédagogiques se créent. Cela permettrait également de renforcer les passerelles entre formations et métiers pour permettre aux étudiants de se réorienter plus facilement.
Les formations sociales répondent globalement aux attentes des étudiants. C’est très positif. Mais nous avons pu avoir des retours parfois contrastés d’employeurs qui jugeraient la formation inadaptée. Notre objectif est donc de rendre plus étroit le lien entre organismes, territoires et employeurs. Un directeur d’établissement doit aussi porter un projet territorial, créer des synergies locales, afin de favoriser la recherche de terrain de stages puis l’insertion professionnelle. Cela passe par des interventions de professionnels en cours, afin de présenter les métiers, les perspectives d’emploi. Cela permettrait également une valorisation de certains métiers ou certains domaines, en lien avec les personnes âgées par exemple.
Ces dimensions seront bien sûr présentent dans le prochain Schéma régional des Formations sanitaires et sociales 2016-2022.
Concernant le contenu pédagogique des formations, la Région n’a pas légalement de droit de regard. Mais pour répondre aux évolutions sociétales en cours, nous avons créé trois modules de formation complémentaires:
- Accompagnement des femmes victimes de violence depuis 2011
- Egalité femmes-hommes (destruction des stéréotypes de genre) depuis 2014
- Sensibilisation à la santé environnementale à partir de la rentrée 2015
Enfin nous travaillons sur l’orientation des étudiants, et notamment sur la valorisation des formations sanitaires et sociales :
- Nous avons intégré un module sur les FFS dans la formation AIO (Accueil Information Orientation) des conseillers de Pôle emploi et des missions locales.
- Nous avons créé des partenariats forts via « Défi Métiers» : tous les organismes FSS y participent, avec une description détaillée de chaque métier des formations en travail social.
- Enfin la loi de mars 2014 a confié aux régions la responsabilité du Service public régional d’Orientation. Nous travaillons activement sur cette nouvelle compétence.