La politique santé environnementale de la Région, où en sommes-nous ?
L’Ile-de-France : un territoire inégalitaire et à l’environnement dégradé
La région Île-de-France est la plus riche mais aussi la plus inégalitaire des régions françaises. La Région se caractérise par l’existence de populations spécifiques, parfois très marginalisées, qui sont tout particulièrement frappées par des difficultés socioéconomiques : précarités des ressources économiques et des conditions de travail, temps de transport long, difficultés de logement ou insalubrité, exposition environnementale au bruit ou à la pollution, vulnérabilité liée à la migration ou à la discrimination… Ces difficultés sont autant d’obstacle à l’accès aux soins.
La région présente de grandes inégalités, avec des territoires connaissance des niveaux de mortalité prématurée importants, notamment la Seine-Saint-Denis. L’écart d’espérance de vie entre la Seine-Saint-Denis et les Hauts-de-Seine est de 2 ans !
Aujourd’hui, près d’un quart de la population francilienne âgée de 15-85 ans déclare être atteint de maladie chronique, soit 2 300 000 Francilien-nes. Parmi les maladies chroniques les plus déclarées en Île-de-France on trouve : les maladies endocriniennes ou métaboliques (5,8%), les maladies respiratoires (3,6%). La mortalité liée aux cancers du poumon et du sein est particulièrement élevée en Ile-de-France.
De nombreux déterminants sociaux ou économiques, dont l’impact négatif sur la santé est reconnu, connaissent en Île-de-France des prévalences particulièrement problématiques. C’est notamment le cas de coût de l’immobilier, qui pèse sur le budget des ménages contraints à des arbitrages défavorables à la santé : renoncement aux soins, renoncement à une alimentation saine, etc. D’autres déterminants culturelles, communautaires, biologiques existent également. Nous nous intéressons ici aux seuls déterminants environnementaux, même si ces déterminants sont croisés et transversaux.
L’impact des déterminants environnementaux sur notre santé
Qualité de l’air extérieur
La qualité de l’air quotidienne en Île-de-France reste insatisfaisante pour certains polluants, qui dépassent les normes de façon récurrente :
- Les niveaux d’ozone augmentent chaque année (ils ont presque doublé en 15 ans)
- La diminution des concentrations en oxydes d’azote reste insuffisante à proximité des grands axes routiers
- Les particules fines liées notamment au Diesel provoquent des maladies respiratoires.
Qualité de l’air intérieur
Particularités de la Région liées à la densité importante et à la proximité entre les populations et des sources externes de pollution : proximité avec le trafic, avec les stations services situées sous des immeubles dans Paris ou encore les pressings et leurs émanations. L’air intérieur est également vicié par l’utilisation de produits ménagers ou le manque d’aération. Une récente étude évalue à 18 milliards le coût sanitaire et économique des polluants de l’air intérieur.
Habitat indigne et insalubre
Le nombre de logements privés potentiellement indignes en Île-de-France est estimé à plus 200 000 soit plus de 5% des résidences privées. Certains de ces logements peuvent encore contenir des canalisations en plomb. En 2004, 70 % des cas de saturnisme étant recensés sur la seule région Île-de-France, notamment dans le Nord-Est parisien.
Bruit
Le bruit est une source de gêne très présente en Île-de-France du fait de la forte concentration de l’habitat et de la densité exceptionnelle des infrastructures de transports. En 2007, 71 % des franciliens se déclaraient gênés par le bruit à leur domicile (ORS). Cette gêne touche davantage les personnes aux faibles revenus, dès lors qu’elles vivent dans des immeubles collectifs urbains, à proximité des grandes infrastructures de transport.
Qualité de l’alimentation
Via la consommation ou non de produits toxiques (pesticides, perturbateurs endocriniens, etc.) ou la consommation d’alcool par exemple, la qualité de l’alimentation est avec la qualité de l’air un de deux grands déterminants environnementaux de la santé. De nombreuses études démontrent désormais le lien entre mauvaise alimentation et cancers et maladies cardiovasculaires.
Une politique nationale encore trop centrée sur le soin
La politique nationale de santé est dans une logique curative et non préventive. Un budget résiduel est consacré à la prévention, quand l’immense majorité des crédits se concentrent sur le soin, l’accompagnement thérapeutique et le dépistage. Les politiques nationales ignorent encore grandement les déterminants de santé environnementaux et les économies à long terme que nous pourrions réaliser en investissement massivement aujourd’hui pour réduire les risques.
Il a par exemple fallu attendre mai 2014 pour que soit enfin adoptée une Stratégie nationale sur les pertubateurs endocriniens (SNPE) qui fixe « comme objectif premier la réduction de l’exposition de la population et de l’environnement aux perturbateurs endocriniens ». Alors que les alertes sur la question de la baisse de la fertilité
La santé environnementale, pilier de la nouvelle politique régionale de santé
Le 27 septembre 2012, suite à l’organisation d’assises participatives, la Région a adopté un rapport cadre permettant la mise en place d’une politique transversale de santé-environnement avec deux objectifs majeurs :
- mieux prendre en compte des déterminants de santé
- sortir d’une logique uniquement curative.
La nouvelle politique régionale de santé s’inscrit désormais dans la définition faîte par l’OMS qui veut « la santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité ».
Ce rapport a aussi été l’occasion pour la Région de réaffirmer son soutien aux démarches innovantes et expérimentales, par exemple :
- la santé communautaire (démarche de santé globale, intégrée, préventive et participative, qui s’intéresse à un ensemble de personnes présentant un sentiment d’appartenance commun).
- le développement des médecines complémentaires (homéopathie, acupuncture, ostéopathie, hypnose…).
Avec cette vision transversale on prend en considération le fait que toutes les politiques mises en place par la Région dans tous ses champs d’intervention, qu’ils soient obligatoires ou qu’ils relèvent de politiques volontaristes, influent sur la santé des francilien-nes.
Soutien aux projets de prévention des risques sanitaires liés à l’environnement
Le vote de ce rapport-cadre a entraîné la création d’une ligne budgétaire dédié aux projets de prévention des risques sanitaires liés à l’environnement. Dotées de 300 000 en 2012, de 300 000 en 2013 et d’un million d’euros au budget prévisionnel 2014.Dans un contexte de restriction budgétaire, cet engagement croissant est notable.
Entre novembre 2012 et novembre 2013, 17 projets ont été soutenus en santé environnementale par la Région pour un montant total de 388 450 euros.
Exemples d’actions soutenus
En 2012 et 2013, la Région a soutenu à hauteur de 15 000€ par an La semaine du son pour l’organisation des 10e et 11e « Semaine du son ». Cet évènement annuel a pour objectif de sensibiliser le grand public et à l’importance de notre environnement sonore et de la connaissance des sons. En 2014, cette 11ème édition mettra l’accent sur le rôle sociétal du sonore dans la vie quotidienne.
En 2013, la Région a soutenu à hauteur de 11 500€ la Coordination nationale médicale santé environnement présidée par la docteure homéopathe Dominique Eraud, pour la réalisation d’une campagne d’information auprès des professionnels de santé, suivie d’une étude sur l’état de la vaccination en France. L’objectif de ce projet est d’apporter une meilleure lisibilité vaccinale et de réinterroger la question de la vaccination systématique.
En juillet 2013, suite à un amendement du groupe EELV de juillet 2013, la Région a apporté son soutien à l’association E3M qui se bat pour que les recherches sur l’adjuvant aluminique se poursuivent et que les effets délétères de celui-ci soient reconnus. 20 000 € devraient permettre de financer des actions de prévention en matière de santé publique. L’association organise un colloque à l’Assemblée nationale le 22 mai 2014 sur « Aluminium et Vaccins – L’expertise internationale nous impose d’agir ».
En novembre 2013, la Région a voté un soutien au CRIIGEN présidé par le professeur Gilles-Éric Séralini, d’un montant de 20 000€ pour une étude de la perturbation endocrine provoquée par un OGM alimentaire (NK603) et son herbicide associé (Roundup).
La Grande cause 2013 sur les perturbateurs endocriniens
En 2013, la Grande Cause régionale était consacrée à la prévention des risques liés aux perturbateurs endocriniens. 6 projets d’informations et de préventions ont été soutenus sur ce thème en 2013.
C’est notamment le cas du collectif Appel de la jeunesse qui a reçu un soutien de 23 000€ pour le lancement de Générations Cobayes et des actions de formation, notamment la conférence « Let’s talk about sex » sur les enjeux des perturbateurs endocriniens.
La Région a également soutenu l’association WECF à hauteur de 23 000€, notamment pour la réalisation d’un petit guide de prévention pour les femmes enceintes. L’association signera prochainement une convention triennale avec la Région.
La Grande cause 2014 sur l’alimentation
En novembre 2013, le groupe EELV de la Région a fait adopter un rapport « Alimentation : du champ à l’assiette des franciliens » en faveur d’une agriculture de qualité et de proximité pour une alimentation saine. La Région fait désormais de la question de l’alimentation une de ses priorités.
En 2014, la Grande Cause régionale de santé est donc consacrée à l’accompagnement des changements des comportements alimentaires. Un appel à projet spécifique a été lancé en avril 2014 visant à croiser les dimensions nutritionnelles et économiques (actes d’achat), sociales (convivialité, plaisir, structuration des repas), sanitaires (aliments bénéfiques pour la santé et adaptés aux besoins physiologiques de chacun) et culturelles (gastronomie, traditions, etc.). Il sera clôt le 11 juin 2014.
Découlant également du rapport EELV, le nouveau dispositif AliSol vise à apporter une réponse concrète à l’accès des plus précaires à une alimentation diversifiée et de qualité. Les inégalités de revenus se traduisent par des inégalités en termes de qualité nutritionnelles, les ménages les moins aisés consommant davantage de produits trop riches en graisse et en sucre et trop pauvres en fibres, avec des impacts délétères démontrés en termes de santé : maladies chroniques (obésité, allergies, troubles cardiaques, etc.) et cancers. L’appel à projets du dispositif sera clôt le 27 juin 2014.
Sensibilisation des futurs professionnels du sanitaire et du social à la santé environnementale
A l’image du module de sensibilisation aux violences faites aux femmes lancée en 2011 et celui sur l’égalité femmes hommes lancé en mars 2014, la Région développe actuellement un module de sensibilisation à la santé environnementale pour les étudiants des formations sanitaires et sociales, notamment eux de la petite enfance (puériculteurs, éducateurs jeunes enfants, auxiliaires de puériculture). Ce nouveau module devrait être proposé à la rentrée 2014.
Il faut suite au vote d’un amendement du groupe EELV lors de l’examen du budget 2014 qui a affecté 150 000€ à cette nouvelle action.
La santé environnementale, engagement transversal
Qu’il s’agisse de la qualité de l’habitat, de la restauration scolaire ou de la préservation de la biodiversité, la santé environnementale est une question éminemment transversale. En agissant pour améliorer l’offre et la qualité des transports en commun en Ile-en-France, la Région agit également pour l’amélioration de la qualité de l’air et donc pour la baisse des maladies chroniques liées. De même avec le SDRIF : en préservant les terres agricoles, nous nous donnons les moyens d’atteindre nos objectifs de conversion au bio. Deux exemples :
Lutte contre le saturnisme
Sur le secteur d’Emmanuelle Cosse (Logement), la Région accompagne les campagnes de dépistage menées par les communes et les intercommunalités (1 200€ de subvention maximale par cage d’escalier, 600€ pour parties privatives) et la réalisation de travaux permettant d’éliminer ou d’isoler les peintures au plomb (8 000€ par lot maximum). En 2014, le budget consacré à l’action contre le saturnisme est de 200 000 €. Il permet de traiter une centaine de logements pour les travaux dans les parties privatives et d’accompagner des campagnes de dépistage menées à l’initiative des communes dans plusieurs dizaines de copropriétés.
Du bio dans les cantines des lycées
Le groupe écologiste revient régulièrement à la charge pour renforcer la part de produits locaux et biologiques dans les restaurations collectives des lycées, CFA et restaurants administratifs franciliens. Un amendement a notamment été adopté en décembre 2013 pour aider à l’introduction de produits locaux ou biologiques dans la restauration collective dépendant de la région (lycées, CFA, restaurants administratifs) via la création de guides, une plateforme collaborative, et des regroupements de commandes.