Roms : que fait la Région Ile-de-France ?

Depuis le début du 20e siècle, les Roms se sont régulièrement installés dans différents pays européens, dont la France. Ce phénomène a pris de l’ampleur en France depuis 1990 avec des populations provenant plus particulièrement des pays de l’ex-Yougoslavie, puis de la Bulgarie et de la Roumanie dans les années 2000.

Bien que ne représentant qu’une faible part des migrants au niveau national, le dénuement complet et la très grande pauvreté dans laquelle ils vivent en font une population stigmatisée. Par ailleurs, durant la période préalable à l’adhésion de la Bulgarie et de la Roumanie (3 millions de Roms) à l’Union européenne, la France a instauré un régime transitoire de circulation pour leurs ressortissants, zone grise entre le droits des ressortissants européens et celui des migrants non-communautaires. Ce régime transitoire a pris fin au 1er janvier 2014, mais les ressortissants bulgares et roumains restent toujours en dehors de l’espace Schengen.

En janvier 2014, 19 000 personnes vivaient dans 430 bidonvilles en France. En Ile-de-France, les services préfectoraux font état 8 500 personnes vivant dans 150 bidonvilles.

L’état de santé de ces populations se caractérise par la prévalence d’affections respiratoires et par des grossesses précoces plus nombreuses que dans la population francilienne. Une étude de l’Observatoire régional de Santé (ORS) publiée en janvier 2012 à la demande de la Région dresse un constat sans appel et note : « Les analyses présentées dans cette étude montrent ainsi que ce sont, avant tout, des dimensions sociales davantage que culturelles (ou ethniques), qui expliquent l’état de santé des Rroms en Ile-de-France et que c’est donc davantage sur ces dimensions, communes à celles d’autres populations caractérisées sur le plan social, que les interventions doivent être privilégiés, au risque de favoriser des approches culturalistes (ou ethniques) qui peuvent être discriminatoires ».

 

Dix ans d’actions régionales

 

Le conseil régional d’Ile-de-France a pris la décision politique de s’engager sur le sujet dès 2005, pour répondre à l’urgence sociale et sanitaire. Cet engagement a pris différentes formes, mais avec pour principal but l’accompagnement des populations vers un accès entier et garanti au droit commun.

 

Accueil et hébergement des familles Roms

 

Entre 2006 et 2013, la Région a soutenu 16 projets pour un montant total de 2,9 millions d’euros. Ces projets vont de la viabilisation de terrains pour l’accueil de personnes vivant en bidonvilles à la création d’espaces d’hébergement temporaire de jour, l’installation de structures modulaires, de chalets jusqu’à la création de villages d’insertion. 4 projets ont obtenu des financements FEDER.

Ces projets ont pour but de créer des espaces de transition entre la grande exclusion et l’inclusion sociale. Ils permettent d’effectuer les démarches d’insertion dans le droit commun à l’abri des risques sanitaires les plus dangereux.

Les 16 projets sont répertoriés sur la carte ci-dessous.

Carte investissement Roms

Accompagnement social des familles et accès aux droits et aux soins

 

En complément du soutien aux opérations « en dur », la région Ile-de-France soutient des projets d’accompagnement social des familles Roms, en particulier en faveur des familles relogées dans les structures temporaires mises en place avec l’aide régionale.

Entre 2005 et 2013, la Région a soutenu 11 projets pour un montant total de 443 936 euros.

Ce soutien a notamment permis l’amélioration des conditions sociales et sanitaires, la création d’équipe mobile d’accompagnement sociale, par exemple avec l’association Médecins du Monde.

L’engagement de la Région reste malheureusement d’actualité. Les récentes évacuations de camps (Thiais, Champs-sur-Marne, etc.) ainsi que les incendies dans trois camps de Roms de la région (La Courneuve, Bobigny, Montgeron) sont autant d’évènements nous poussant à renouveler notre engagement auprès des Roms. Les pandémies se jouent toujours des nationalités : face à l’urgence sanitaire la Région porte un message pragmatique de réduction des risques, au bénéfice de toutes et tous.

 

L’attente d’un plan national et régional

 

Dans la continuité de la circulaire interministérielle du 26 août 2012 a été annoncé en janvier le lancement d’un plan national de résorption des bidonvilles. Une convention entre l’Etat et la société d’économie mixte ADOMA (ex-SONACOTRA) a été signée début mars.

L’objectif de ce plan est de faire progressivement disparaître les bidonvilles dans les trois ans à venir, notamment en Ile-de-France, région particulièrement concernée.

La mission confiée à ADOMA comporte deux volets :

  • Une intervention en ingénierie sociale afin de coordonner l’action des acteurs locaux (Etat, collectivités, associations), d’actualiser les diagnostics sociaux, de mobiliser les ressources, de garantir l’accès au droit commun des populations Roms.
  • Une intervention en tant qu’opérateur de logement très social, qui ne pourra rester que marginale étant donnée la faiblesse du nombre des logements vacants.

Nous espérons que le plan national, en préfiguration, ne pâtira pas du remaniement ministériel.

En effet, ce plan est la seule politique pertinente et efficace qui permettra d’en finir avec les bidonvilles et la xénophobie qui en découle.

Les solutions sont aujourd’hui dans les mains de l’Etat : médiateurs scolaires pour favoriser la scolarisation des enfants Roms (trop souvent empêchée par les maires des communes concernées), accompagnement des populations dans la constitution de dossiers (domiciliation, AME-CMU, hébergement, logement, inscription à Pôle-Emploi, formation, cours de langue), etc.

Le coût de cet effort est nettement inférieur au coût potentiel des conséquences sociales et sanitaires du statut quo. Laure LECHATALLIER, vice-présidente de la région Ile-de-France, poursuivra donc son action de sensibilisation des pouvoirs publics sur cette question.

 

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