Discours de présentation de la Politique Régionale de Santé du Conseil Régional d’Ile-de-France en séance plénière du jeudi 27 septembre 2012*
Monsieur le Président,
Mes Cher/es Collègues,
Je suis fière de vous présenter ce rapport-cadre santé. D’abord parce qu’il est le fruit d’un an de travail. J’en profite pour remercier d’ores et déjà l’ensemble des services de la direction social et santé, mon cabinet ainsi que votre cabinet monsieur le président.
Un rapport important parce qu’il il s’inscrit dans un contexte particulier.
Celui de la conférence environnementale des 14 et 15 septembre qui a montré à quel point les attentes des Français en matière de décisions faisant le lien santé et environnement étaient très fortes.
Le Président de la République, lui même lors de son discours introductif a pris la mesure de l’urgence sanitaire en mettant l’accent sur les effets de la dégradation de notre environnement sur la santé.
Nous sommes confrontés aujourd’hui à une crise que je qualifierai de crise sanitaire, avec plus 60% des dépenses d’Assurance Maladie qui sont affectées aux maladies chroniques. Il s’agit de ces maladies dites de société étroitement liées à nos modes de vie.
Malnutrition, sédentarité, manque de sport, stress, surmenage, tabagisme sont autant de facteurs qui les développent. Cancers, obésité, diabète type 2, stress ou encore maladies cardiovasculaires deviennent une véritable épidémie mondiale.
Dans ces conditions, les déterminants de santé qu’ils soient sociaux, économiques ou environnementaux deviennent de plus en plus prégnants.
C’est pourquoi, chers collègues il est fondamental aujourd’hui de repenser notre approche en matière de santé. Sortir du tout curatif pour favoriser une approche globale et mettre ainsi l’individu au cœur de nos réflexions. C’est ce que j’appelle non pas un changement de braquet, mais bien un changement de paradigme.
Ce rapport-cadre tombe aussi à point nommé parce des études scientifiques viennent malheureusement confirmer les craintes d’un certain nombre de lanceurs d’alerte.
Je pense notamment à l’étude de l’Institut de Veille Sanitaire de juin 2012 sur les dangers des particules fines pour notre santé. Ou encore l’étude américaine de ce mois qui établit un lien entre l’exposition au bisphénol A et le risque d’obésité infantile. Egalement une étude récente sur le scandale sanitaire du pesticide Chlordécone utilisé dans les Antilles françaises jusqu’en 93. Et qui continue a produire des effets néfastes sur le développement des nourrissons. Et, j’ai gardé le meilleur pour la fin, il y a l’étude que vous connaissez toutes et tous, de Gilles-Eric Séralini sur les OGM avec ces photos de ces rats complètements déformés par des tumeurs.
Face à tous ces nouveaux poisons, à cette dégradation de notre environnement, la question n’est pas tant de savoir comment on soigne les gens. Mais plutôt, comment, nous responsables locaux, on maintient les Franciliens en bonne santé. Et comment on peut concrètement améliorer la qualité de vie de nos concitoyens.
C’est tout l’esprit du concept de santé environnementale, qui est au cœur de ce rapport. Qui nous illustre comment les politiques publiques régionales impactent les déterminants de santé.
Par exemple, quand ma collègue Henriette Zoughebi instaure le bio dans nos cantines, c’est une politique de santé environnementale.
Quand mon collègue Pierre Serne fait voter un plan vélo, c’est une politique de santé environnementale.
Quand on installe des murs anti bruit, quand on couvre le périphérique, c’est une politique de santé environnementale
Et j’insiste : ces politiques de santé environnementale ont bien vocation à être des politiques en faveur notamment des plus modestes. Parce que ce sont eux les plus exposées aux déterminants de santé, à la dégradation de notre environnement au sens large du terme.
Le fil rouge de notre intervention, c’est bien la réduction des inégalités sociales et territoriales de santé.
Cette nouvelle politique de santé s’articule autour de deux grandes priorités. D’abord celle de la prévention avec des réponses concrètes. La seconde reposant sur l’accès et l’offre de soin sur le territoire francilien.
Permettez-moi de développer ces deux priorités en insistant essentiellement sur les nouveautés de ce rapport.
Première priorité : la prévention.
Un chiffre consternant nous oblige à prendre nos responsabilités. Il s’agit du budget de l’ARS en matière de prévention. Parent pauvre des politiques de santé, seulement 1% des crédits, y est consacré.
C’est pourquoi la Région va agir pour plus de prévention, plus d’information et plus d’éducation. Avec un appel à projet annuel, nous mobiliserons des crédits en faveur d’actions.
Mais nouveauté de ce rapport, je souhaite faire un zoom sur une problématique encore trop méconnue ou confidentielle. Celle des Perturbateurs endocriniens.
De quoi s’agit-il ? Ce sont des molécules, de substances chimiques présentes partout dans notre quotidien. Ce sont les contenants plastiques (bouteilles, film plastique qui recouvre les canettes, les conserves) des objets en plastique mais aussi des conservateurs que l’on retrouve dans des médicaments, des produits cosmétiques ou encore dans une célèbre pate à tartiner au chocolat. Il s’agit du bisphénol A, des paraben ou encore phtalate. Ces molécules agissent sur l’organisme humain comme un leurre hormonal.
Bref, c’est un véritable fléau puisqu’ils sont présents partout dans notre environnement. Et constituent de véritables bombes à retardement. C’est pourquoi Monsieur le Président, mes chers collègues, je souhaite ériger les Perturbateurs Endocriniens comme Grande Cause Régionale de 2013.
J’organiserai aussi un grand colloque sur la santé environnementale. Sa date est d’ores et déjà arrêtée au 26 Novembre.
Enfin, je souhaite poursuivre et amplifier la coopération interrégionale que nous menons avec 4 autres régions dans le cadre du projet CIRCE Cancer, Inégalités Régionales, Cantonales et Environnement. Objectif : mutualiser et croiser un certain nombre de données.
Deuxième priorité de cette politique: le renforcement de l’accès et l’offre de soin sur le territoire francilien.
Ainsi, comme je m’y étais engagée, nous allons lutter contre les déserts médicaux. Mais, pas seulement ceux des zones rurales. Aussi ceux des quartiers sensibles. La Région pourra aider les collectivités déficitaires ou fragilisées en offre médicale et paramédicale.
Concrètement? Nous proposons aux étudiants en médecine, généralistes-spécialistes, mais aussi aux étudiants du sanitaire (kiné, sage femme, infirmier/e) de recevoir une aide régionale de 700€ maximum par mois pendant deux ans. En contrepartie, ces futurs professionnels s’engagent à exercer pendant 3 ans en secteur 1 dans l’un des cinquante territoires déficitaires et identifiés par l’ARS.
Je souhaite aussi faire de l’aide aux structures d’exercice collectif une priorité.
Les centres de santé et les maisons de santé secteur 1 seront aidés. Parce qu’ils sont certainement l’une des réponses les plus adaptées aux difficultés financières des Franciliennes et Franciliens pour se soigner, les centres de santé pourront bénéficier de soutien à la création, l’extension et la restructuration, à hauteur de 300 000€ aux quels pourront s’ajouter 150 000€ pour leurs dépenses d’équipement.
Enfin, ce rapport rappelle également notre engagement en direction de publics prioritaires.
D’abord, les jeunes.
Nous étendons aux jeunes précaires l’aide de 100€ pour l’acquisition d’une mutuelle. Les bénéficiaires de cette mesure seront donc:
– les jeunes apprentis non-couverts par leur mutuelle d’entreprise
– et les jeunes en insertion inscrits dans l’un des dispositifs du Service public régional de formation et d’insertion professionnelle (Avenir jeunes, Ecoles de la 2ème chance, Parcours orientation professionnelle)
La Région souhaite également financer la création de centres universitaires de santé.
Ensuite, deuxième public cible : les femmes.
Par ce rapport, je souhaite réaffirmer mon soutien, et celui de la Région Ile-de-France, aux centres de planification-contraception-IVG.
Innovation de ce rapport, nous souhaitons également soutenir l’expérimentation des maisons de naissance. Véritables alternatives à la surmédicalisation de structures de maternité telles que nous les connaissons aujourd’hui. Elles sont plébiscitées par les femmes mais aussi par des associations de sages femmes et par des professionnels de la périnatalité.
Enfin, sur la thématique de la toxicomanie, je souhaite réaffirmer mon soutien à l’expérimentation de salle de consommation à moindres risques. Nous nous engagerons financièrement au côté des collectivités qui feront le choix d’implanter de telle structure sur leur territoire.
Voilà très rapidement les grandes orientations que je vous propose d’adopter aujourd’hui.
Ce sont biens des orientations qui apportent des réponses concrètes et immédiates pour résorber les inégalités sociales et territoriales de santé.
Monsieur le Président, Mes cher/es collègues, merci pour votre attention.
*Seul le prononcé fait foi