Intervention au Lancement de l’Observatoire régional des violences faites aux femmes (centre Hubertine Auclert)
Lundi 25 novembre 2013 – 9h25 – Conseil régional
Lancement de l’Observatoire régional des violences faites aux femmes
Centre Hubertine Auclert
Madame la Présidente du Centre Hubertine Auclert, chère Djénéba,
Monsieur le Vice-président du Conseil régional, cher Abdelhack,
Mesdames et Messieurs,
Permettez moi tout d’abord de remercier le Centre Hubertine Auclert, et sa Présidente, Djeneba Kéita, le Vice-Président Abdelak Kachouri pour leur invitation en cette journée hautement symbolique.
Ma présence à leurs côtés est le signe de l’engagement de l’exécutif sur cette problématique des femmes victimes de violences ; problématique pour laquelle l’exécutif régional travaille en transversalité et de concert.
En cette Journée du 25 novembre, je ne m’attarderai pas sur les constats. Ils ont été développés par les interlocuteurs précédents, ils sont malheureusement toujours aussi alarmants.
Mais je rappellerai simplement deux choses.
La première, c’est que ces violences ont un coût humain majeur, mais aussi un coût financier. Il est estimé à environ 2,5 milliards d’euros par an. Ces violences pèsent à court et moyen terme sur les budgets de la santé, de la police, de la justice, des affaires sociales, etc.
La seconde constat porte sur les enfants. Je trouve qu’on parle trop peu souvent des conséquences sur les enfants. D’ailleurs on estime à 15 % les enfants résidant dans un domicile où s’exercent des violences et qui en feraient également l’objet. Sans parler des conséquences psychologiques.
Mais au-delà de l’indignation, que pouvons-nous faire ?
La région Île-de-France a fait de la lutte contre les violences faites aux femmes l’une de ses priorités. Il ne s’agit pourtant pas d’une compétence obligatoire. Mais c’est pour notre institution une question de responsabilité sociétale et politique.. Il repose sur quatre piliers.
Le premier pilier, c’est l’amélioration de la connaissance de ces violences. C’est l’objet de notre présence ici-même, avec la création d’un Observatoire régional des Violences faites aux Femmes. Mieux connaître pour apporter une réponse, nous l’espérons, plus efficace encore.
Le deuxième pilier, c’est la formation des professionnels du travail social afin de mieux détecter et accompagner les femmes victimes de violence. Dans le cadre de ma délégation sur les Formations sanitaires et sociales, le Conseil régional finance des modules de formation sur les violences faites aux femmes auprès des jeunes élèves des formations sociales. 1 550 étudiant-e-s en travail social de 7 établissements différents ont été sensibilisé-e-s depuis le lancement de ce module en 2009.
Le troisième pilier, c’est bien sûr la protection des femmes victimes de violence et leur signalement. Nous expérimentons actuellement le dispositif “Téléphones d’alerte pour les femmes en très grand danger”.
Il s’agit d’un dispositif innovant, mis en place à titre expérimental et avec le soutien de la région en Seine Saint-Denis depuis 2009 à Paris depuis 2012 et, sans sollicitation de la région, dans le Val d’Oise depuis 2012 également.
Il s’étend aujourd’hui même aux Yvelines où je signe la convention à 14h30, et à l’Essonne, où je signe la convention à 16h. Le val-de-Marne pour sa part devrait en être équipé en début d’année prochaine.
J’entretiens l’ambition que les huit départements de la région soient couverts d’ici la fin de l’année 2014.
Après 4 ans d’expérimentation en Seine-Saint-Denis, nous pouvons dire que ce dispositif est à la fois utile et efficace. Les téléphones d’alerte y ont permis la protection de 136 femmes et 210 enfants. Le bilan qualitatif est très positif : le téléphone a permis de rendre exceptionnels les contacts physiques entre la femme victime et son agresseur, et de lui procurer un sentiment de sécurité. C’est un parfait exemple d’une politique concrète, peu coûteuse mais très efficace, qui permet de sauver des vies.
Enfin le quatrième et dernier pilier, c’est l’accompagnement et donc l’hébergement de ces femmes victimes de violence. Entre 2010 et 2012, la Région a soutenu 52 opérations de ce genre, soit 630 logements, pour un montant de 11,5 millions d’euros. Il reste bien sûr un énorme travail à faire, notamment en matière d’égalité des territoires pour que ces structures maillent toute la région. Nous y travaillons activement.
Mais nous ne pouvons nous contenter de cette action. C’est pourquoi je vous annonce solennellement aujourd’hui que j’ai décidé de faire des violences faites aux femmes la Grande Cause régionale d’Action sociale pour l’année 2014.
Cette Grande cause régionale permettra d’une part de mettre en lumière toutes les actions régionales sur ce thème, mais aussi de les renforcer. En effet, nous lancerons un appel à projets spécifique d’un montant de 200 000 euros. Et attribuerons un bonus/majoration aux projets de creation d’hébergement d’accueil des femmes seules ou avc enfants. Je souhaite également mobiliser nos organismes associés sur ce thème afin décupler nos forces. Comme evidemment le centre Hubertine Auclert.
Voilà, sur ma délégation, l’état des lieux et les perspectives de travail. Ce travail n’aurait évidemment aucun sens s’il n’appuyait pas les forces vives investies sur ce champ d’intervention. Mes derniers mots iront donc aux associations, aux professionnels, aux bénévoles et toutes celles et tous ceux qui s’engagent sur le terrain pour permettre jour après jour de faire reculer ces violences d’un autre âge.
Je vous remercie.