Les biffins en Ile-de-France : une étude de 2012 commandée par la Région

Retrouvez le bilan de l’action régionale : ici.

La biffe est certainement l’une des grandes spécificités de la région Ile-de-France et notamment du Nord-Est parisien. Les problématiques qui y sont liées concernent donc pleinement la Région.

La Région a commandé début 2011 une étude sur les biffins en Ile-de-France. Cette étude, première du genre, est parue en 2012 et a permis de mieux connaître cette population afin de faire émerger des préconisations pour une meilleure intégration et une meilleure reconnaissance sociale de la population des biffins.

 

 

Les biffins : une « communauté de destin » s’inscrivant dans l’économie du recyclage

 

La biffe est une activité marchande de revente, dans l’espace public, d’objets usagés, provenant de la récupération, suite à un abandon, un don ou un échange. La biffe s’inscrit donc pleinement dans l’économie du recyclage, domaine important pour les écologistes. Dès lors, l’étude précise que les acteurs de la biffe ne doivent pas être considérés comme des « personnes défavorisées » mais comme des « agents-recycleurs ».

S’il est vrai qu’une grande partie des biffins vit sous le seuil de pauvreté, il n’existe pourtant pas de profil type concernant les biffins. Chaque biffin a un parcours différent et le basculement vers la biffe peut être dû à différentes situations : personnes sans-papiers, demandeurs d’asiles, retraités, chômeurs, personnes ayant un emploi précaire, etc. Ce n’est donc pas une origine commune qui lie les biffins entre eux, mais une activité précise : la biffe. Les auteurs de ce rapport parlent donc de « communauté de destin » (se référant vers l’avenir) pour parler des biffins.

 

Les espaces marchands biffins : des espaces d’échanges commerciaux et de socialisation.

 

La cartographie réalisée dans le cadre de cette étude montre que les biffins s’installent le plus souvent dans la continuité de marchés déjà existants (marchés aux puces, marchés populaires, etc.) souvent dans le nord-est de Paris et en petite couronne. Dans ces lieux, les biffins bénéficient d’un contexte commercial favorable car ils arrivent à capter une clientèle préexistante et ils bénéficient généralement d’une compréhension de la part des populations voisines.

Les nuisances souvent reprochées aux marchés biffins, comme l’encombrement de l’espace public et la saleté, sont dû à un manque d’organisation publique. L’augmentation du nombre de vendeurs et des volumes de marchandises échangés se traduit par une occupation incontrôlée de la voirie, ce qui multiplie les nuisances et provoquent l’exaspération des riverains.

Si les marchés focalisent l’attention et les jugements c’est parce qu’ils se déroulent dans l’espace public de la rue, qui devient un objet de tension sociale et de focalisation politique. Or, l’étude montre que ces espaces biffins ne sont pas marginaux mais centraux. Ils sont une solution comme espace de socialisation et d’intégration culturelle ainsi que comme espace de développement social et économique sur un territoire. Ces espaces constituent des lieux neutres permettant d’accueillir en ville une grande diversité socioculturelle. Le but de tous étant de vendre et d’acheter dans les meilleures conditions possibles.

La répression des espaces marchands biffins génèrent des perturbations de cette activité n’aidant pas à l’organisation d’une manière durable de la biffe. Le rapport précise que l’espace marchand ne peut vivre de l’insécurité et que la stabilité est nécessaire aux biffins pour développer une technique de vente. Il est donc nécessaire d’instaurer un dialogue avec les biffins et de proposer une possible autorégulation de ces espaces pour que la sécurité puisse être garantie.

 

Quelques pistes proposées par les auteurs de l’étude 

 

Pour une économie intégrée :

  • Favoriser la récupération et le tri sélectif.
  • Aménager des espaces intermédiaires entre les espaces collectifs des immeubles et l’espace public de la rue qui prendraient la forme de mini-point de collecte de proximité.
  • Créer des rôles de collecteurs dans les ateliers de tri (de type « Ressourcerie »).

 

Pour une carte d’activité régionale d’éco-développeur :

  • Redéfinir les critères d’attribution d’une carte personnalisée du biffin, en séparant les critères d’activités économiques de la gestion territoriale du marché (cela permettrait de prendre en compte leur compétence dans une démarche participative de coréalisation d’un circuit économique et favoriserait une certaine mobilité).

 

Pour une maîtrise d’usage de l’espace public :

  • Imaginer des dispositifs de concertation où sont négociés les différents usages de l’espace ne peut que favoriser une intelligence sociale collective et les échanges interdisciplinaires. La définition de nouveaux espaces marchands sur le territoire régional pourrait ainsi se faire en concertation, tout en respectant les logiques de mobilité.

 

Pour une innovation sociale par l’expérimentation :

  •  Faire un rapprochement coopératif avec l’expérience sociale et scientifique de pays dits « émergeant », pour qui ce type de réalité est pris en compte couramment, serait pertinent.

 

Documents :

Étude qualitative portant sur les conditions de vie des biffins en Ile-de-France.

Réalisation d’une cartographie localisant les lieux de vente de récupérateurs-vendeurs sur le territoire francilien.

Synthèse de la cartographie des lieux de vente et conditions de vie.

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