Signature de la convention « Téléphone d’alerte pour les femmes en très grand danger » en Essonne

Signature de la convention « Téléphone d’alerte pour les femmes en très grand danger » en Essone

Jeudi 26 novembre – 17h30 – Préfecture (Evry)

 

Monsieur le Préfet, (Bernard Schmeltz)

Monsieur le Vice-président du Conseil départemental, (Alexandre Touzet)

Monsieur le Procureur de la République, (Eric Lallement),

Mesdames et Messieurs les partenaires du dispositif,

Mesdames et Messieurs,

 

Je suis fière aujourd’hui de représenter  Jean-Paul HUCHON, et donc le Conseil régional d’Ile-de-France, en ma qualité de vice-présidente, pour la signature de cette nouvelle convention avec le territoire de l’Essonne et des différents partenaires que je salue.

Fière que la région ait été à l’initiative de ce dispositif dès 2009 de façon expérimentale avec le territoire de Seine-Saint-Denis.

Fière que ce dispositif dont les modalités viennent d’être rappelées, ait été étendu à l’ensemble des territoires franciliens. Concernant le dispositif de l’Essonne, nous nous étions retrouvés la première fois il y a deux ans pour la signature.

Fière mais aussi émue car c’est la fin de mon mandat d’élue régionale. Et ma présence au nom de la région sera certainement l’une de mes dernières représentations.

Fière enfin car la question des droits des femmes et le respect des femmes sont un combat qui m’a animé au long de ces 6 années.

La date qui nous réunit n’est pas anodine. C’est le lendemain de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes.

Et malheureusement, les constats et le bilan de l’activité de la plateforme d’écoute nationale 3919 « Violences femmes info » sont toujours aussi préoccupants.

Et nous rappellent que c’est bien un combat au quotidien contre la barbarie, que nous devons mener.

La plate forme a enregistré une augmentation de 52% des appels. C’est deux fois plus d’appels traités en 2014. Encore une fois, le principal motif d’appel concerne les violences conjugales.

Et de tristes records pour notre région, l’Ile de France. Puisqu’elle est fortement surreprésentée dans les appels, par rapport à la population INSEE de référence.

 

Faut-il le préciser encore ?

En France, une femme meurt tous les trois jours, dans tous les milieux, à la ville comme à la campagne, sous les coups de son conjoint.

Selon Solidarité Femmes (qui regroupe les associations engagées dans les violences faites aux femmes) 2,5 millions de femmes seraient victimes de violences conjugales en France, soit 9,1 % de la population féminine française.

Pire en Europe, une femme sur cinq est victime de violences physiques ! et presque une sur deux évoque de la violence psychologique.

 

Deux aspects dont on parle moins :

Ces violences ont un coût humain majeur, mais aussi un coût financier. Il est estimé à environ 2,5 milliards d’euros par an. Ces violences pèsent à court et moyen terme sur les budgets de la santé, de la police, de la justice, des affaires sociales, etc.

Il y a aussi la question des enfants. Je trouve qu’on parle trop peu souvent des conséquences sur les enfants. D’ailleurs, on estime que 93% des enfants qui résident au domicile où s’exercent les violences sont exposés aux violences conjugales, et 21,5% d’entre eux sont maltraités directement.

 

Alors au-delà de l’indignation, que pouvons-nous faire ?

La région Île-de-France a fait de la lutte contre les violences faites aux femmes l’une de ses priorités. Il ne s’agit pourtant pas d’une compétence obligatoire. Mais cela a été, pour notre institution, une question de responsabilité sociétale et politique.

 

Mais cet engagement régional n’est pas nouveau. Il repose sur quatre piliers.

  • Le premier pilier, c’est l’amélioration de la connaissance de ces violences.Nous avons ainsi créé un observatoire régional, celui des Violences faites aux Femmes connu de toutes ceux et celles qui travaillent sur cette problèmatique :  le centre Hubertine Auclert.
  • Le deuxième pilier, c’est la formation des professionnels du travail social afin de mieux détecter et accompagner les femmes victimes de violences. Des modules de formation sur les violences faites aux femmes sont ainsi dispensés auprès des jeunes élèves des formations sociales, et ont déjà touchés plus de 1 550 étudiant-e-s.
  • Le troisième pilier, c’est bien sûr la protection des femmes victimes de violence et leur signalement. C’est l’objet de notre présence aujourd’hui, avec le dispositif de téléphones d’alerte pour les femmes en très grand danger.
  • Enfin le quatrième et dernier pilier, c’est l’accompagnement et donc l’hébergement de ces femmes victimes de violence. Nous y avons pris toute notre part de responsabilité en proposant notamment un partenariat avec l’association solidarité femmes.

 

S’agissant de notre présence Le téléphone d’alerte pour femmes en très grand danger est un dispositif innovant.

Je tiens à saluer Mme Hamlil, directrice de l’association MEDIAVIPP 91, ainsi que l’association Paroles de Femmes, pour l’accompagnement humain, essentiel, vital que vous apportez à ces femmes victimes de violences.

Les 5 années d’expérimentation en Seine-Saint-Denis ayant été particulièrement révélatrices sur l’efficacité et la pertinence du dispositif, je ne doutais pas que ce dispositif ait la même pertinence dans l’Essonne. Je suis heureuse de savoir que notre travail a eu un impact salutaire sur un certain nombre de vies. Je salue donc la démarche partenariale et très professionnelle de l’ensemble des actions. La question des violences faites aux femmes concerne bon nombre de nos institutions, de l’école à la justice, en passant par la santé, la police, la gendarmerie, le Juge aux Affaires familiales, etc. Je tenais à vous saluer pour ce travail et la qualité de vos échanges.

 

Enfin je terminerai.

Signer une telle convention a toujours quelque chose de troublant. D’un côté nous sommes enthousiastes car nous avançons ensemble sur un dispositif pertinent et efficace, dont j’espère la généralisation au niveau national. De l’autre, nous ne pouvons oublier que celles qui en bénéficieront sont d’abord des victimes d’une barbarie d’un autre âge.  Aussi je formule le vœu, sans doute quelque peu utopiste, que ce dispositif expérimental ne soit bientôt plus nécessaire.

 

Je vous remercie.

 

 

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