Signature de la convention « Téléphone d’alerte pour les femmes en très grand danger » – Essonne

Lundi 25 novembre 2013 – 16h – Préfecture (Evry)

Signature de la convention FTGD de l’Essonne

Monsieur le Préfet,

Madame la Vice-présidente du Conseil général,

Monsieur le Procureur de la République,

Mesdames et Messieurs les partenaires du dispositif,

Mesdames et Messieurs,

 

C’est avec fierté que je représente aujourd’hui Jean-Paul HUCHON, président du Conseil régional d’Ile-de-France, en ma qualité de vice-présidente, pour la signature de cette première convention.

 

En ce 25 novembre, Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, je rappellerai d’abord quelques constats, toujours aussi alarmants.

 

En France, tous les deux jours un homicide est commis au sein du couple. Selon Solidarité Femmes (qui regroupe les associations engagées dans les violences faites aux femmes) 2,5 millions de femmes seraient victimes de violences conjugales en France, soit 9,1 % de la population féminine française.

 

Les violences subies prennent plusieurs formes. Elles sont psychologiques dans 87,8 % des cas, physiques (79,4 %), verbales (72,3 %), économiques (7,5 %) ou encore sexuelles (6 %), certaines femmes subissant plusieurs types de violences.

 

Je rappellerai aussi deux choses.

 

La première, c’est que ces violences ont un coût humain majeur, mais aussi un coût financier. Il est estimé à environ 2,5 milliards d’euros par an. Ces violences pèsent à court et moyen terme sur les budgets de la santé, de la police, de la justice, des affaires sociales, etc.

 

Le second constat porte sur les enfants. Je trouve qu’on parle trop peu souvent des conséquences sur les enfants. D’ailleurs on estime à 15 % des enfants résidant dans un domicile où s’exercent des violences qui en feraient également l’objet.
Alors au-delà de l’indignation, que pouvons-nous faire ?

 

La région Île-de-France a fait de la lutte contre les violences faites aux femmes l’une de ses priorités. Il ne s’agit pourtant pas d’une compétence obligatoire. Mais c’est pour notre institution une question de responsabilité sociétale et politique.

J’ai ainsi décidé de faire des violences faites aux femmes la Grande Cause régionale d’Action sociale pour l’année 2014. Mais cet engagement régional n’est pas nouveau. Il repose sur quatre piliers.

 

Le premier pilier, c’est l’amélioration de la connaissance de ces violences. C’est dans cet optique que nous avons soutenu la création d’un Observatoire régional des Violences faites aux Femmes. Cet Observatoire est installé aujourd’hui même par le centre Hubertine Auclert.

 

Le deuxième pilier, c’est la formation des professionnels du travail social afin de mieux détecter et accompagner les femmes victimes de violence. Dans le cadre de ma délégation, le Conseil régional finance des modules de formation sur les violences faites aux femmes auprès des jeunes élèves des formations sociales. 1 550 étudiant-e-s de 7 établissements différents ont été sensibilisé-e-s depuis le lancement de ce module en 2009.

 

Le troisième pilier, c’est bien sûr la protection des femmes victimes de violence et leur signalement. C’est l’objet de notre présence aujourd’hui, avec le dispositif de téléphones d’alerte pour les femmes en très grand danger, j’y reviendrai.

 

Enfin le quatrième et dernier pilier, c’est l’accompagnement et donc l’hébergement de ces femmes victimes de violence. Depuis 2010, la Région a soutenu 52 opérations de ce genre, soit 630 places, pour un montant de 11,5 millions d’euros. Il reste bien sûr un énorme travail, notamment en matière d’égalité des territoires pour que ces structures maillent toute la région. Nous y travaillons activement.

 

Voilà pour le panorama des actions de la région. Revenons-en à ce qui nous réunit aujourd’hui.

 

Le téléphone d’alerte pour femmes en très grand danger est un dispositif innovant. Nous avons eu l’honneur d’être partenaire dès sa première mise en place à titre expérimental en Seine Saint-Denis depuis 2009 à Paris depuis 2012 et, sans sollicitation de la région, dans le Val d’Oise depuis 2012 également. J’entretiens l’ambition que les huit départements de la région soient couverts d’ici la fin de l’année 2014 (manque : Seine-et-Marne et Hauts-de-Seine).

 

Après 4 ans d’expérimentation en Seine-Saint-Denis, nous pouvons dire que ce dispositif est à la fois utile et efficace. Les téléphones d’alerte y ont permis la protection de 136 femmes et 210 enfants. Le bilan qualitatif est très positif : le téléphone a permis de rendre exceptionnels les contacts physiques entre la femme victime et son agresseur, et de lui procurer un sentiment de sécurité. C’est un parfait exemple d’une politique concrète, peu coûteuse mais très efficace, qui permet de sauver des vies.

 

Je ne doute pas que ce dispositif aura la même pertinence dans l’Essonne. J’en doute d’autant moins que je sais que le travail engagé ici est particulièrement exemplaire. Je salue donc la démarche partenariale et très professionnelle de l’ensemble des actions. La question des violences faites aux femmes concerne bon nombre de nos institutions, de l’école à la justice, en passant par la santé, la police, la gendarmerie, le Juge aux Affaires familiales, etc. Je tenais à vous saluer pour ce travail et la qualité de vos échanges.

 

Je terminerai mon propos en saluant bien sûr l’action des associations, et notamment l’« Association départementale de médiation et d’aide aux victimes » (MEDIAVIPP 91) présidée par Fatna HAMLIL. C’est votre association qui sera en première ligne pour repérer les femmes victimes de violence et réaliser les signalements. Soyez assurée du soutien de la région dans cette lourde tâche.

 

Signer une telle convention a toujours quelque chose de troublant. D’un côté nous sommes enthousiastes car nous avançons ensemble sur un dispositif pertinent et efficace, dont j’espère la généralisation au niveau national. De l’autre, nous ne pouvons oublier que celles qui en bénéficieront sont d’abord des victimes d’une barbarie d’un autre âge.  Aussi je formule le vœu, sans doute quelque peu utopiste, que ce dispositif expérimental ne soit bientôt plus nécessaire.

Je vous remercie.

 

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