Inauguration des nouveaux locaux de l’association Du côté des Femmes

Laure Lechatellier, vice-président de la région Ile-de-France, était présente ce vendredi à l’inauguration des nouveaux locaux de l’association Du côté des Femmes à Cergy. Ce sont 50 places d’accueil de jour et 19 hébergements d’urgence pour femmes victimes de violence qui voient le jour par ce projet dont la Région est le premier financeur institutionnel.

Voici le discours prononcé par Laure Lechatellier à cette occasion. Seul le prononcé fait foi.

Madame la Ministre,

Madame la Présidente de l’association « Du côté des femmes », Chère Michèle

Mesdames et Messieurs les élu-e-s,

Mesdames et Messieurs,

 

C’est un réel plaisir pour moi d’être à nouveau parmi vous, un an après les 30 ans de l’association « Du côté des femmes ». Ce jour-là nous nous étions fait une promesse, celle de voir aboutir ce projet le plus rapidement possible. Nous y sommes !

 

C’est un projet exemplaire, dans ses objectifs comme dans sa conception. Exemplaire parce que vos locaux seront désormais accessibles à toutes et tous, dans une démarche d’inclusion qui m’est chère. Exemplaire parce que celles et ceux qui ont voué leur vie à l’accompagnement social verront leurs conditions de travail améliorées. Exemplaire enfin parce que ce déménagement permet d’améliorer l’accueil de jour de 50 places, tout en créant 19 places d’hébergement d’urgence pour les femmes victimes de violence.

 

C’est donc une grande fierté pour moi que la région Ile-de-France soit le premier financeur institutionnel de ce projet, en contribuant à hauteur de 250 000€. L’engagement de la région Ile-de-France sur ce thème n’est pas nouveau, notre soutien régulier à votre association en témoigne. Cet engagement doit beaucoup à Michèle LOUP et je tiens à lui rendre personnellement hommage aujourd’hui.

 

Ce soutien est particulier cette année. En effet, j’ai décidé d’ériger l’accompagnement des femmes victimes de violence en grande cause régionale 2014. Votre projet a ainsi pu bénéficier d’une majoration, et nous voterons jeudi prochain (20 novembre) en commission permanente l’appel à projets dédié à cette grande cause. Ce sont 35 projets associatifs qui ont été retenus, pour un soutien total de plus de 420 000€. Et je peux vous l’annoncer, le projet présenté par l’association « Du Côté des Femmes » fait partie de cette liste !

 

Vous en êtes toutes et tous conscients, et pas seulement le 25 novembre, les violences faites aux femmes sont encore un fléau de nos sociétés. Une femme meurt tous les deux jours et demi de violences conjugales, c’est cette atrocité du quotidien qui nous rassemble encore aujourd’hui. C’est l’aboutissement terrible d’une société profondément sexiste, que nous devons refonder sur des bases plus égalitaires.

 

La violence conjugale est un problème de santé publique : elle concerne 9% des femmes françaises et 11% des Franciliennes ! Cette violence a de nombreuses conséquences sur l’état de santé des femmes qui en sont victimes et sur celui de leurs enfants. J’en profite pour rappeler que 15 % des enfants résidant dans un domicile où s’exercent des violences feraient également l’objet de violences.

 

Le coût humain est majeur, et le coût financier des violences conjugales est estimé à environ 2,5 milliards d’euros par an, liés aux conséquences à court et long terme sur la santé, à la police, à la justice, aux aides sociales etc. Il y a cinq fois plus de pathologies psychiatriques chez les femmes victimes de violences, et 28 fois plus d’arrêts de travail !

 

La Région mène donc le combat, quotidiennement. Il ne s’agit pourtant pas d’une compétence obligatoire. Mais c’est pour notre institution une question de responsabilité sociétale et politique. C’est un engagement moral.

 

Notre premier engagement, c’est l’amélioration de la connaissance de ces violences. C’est dans cet optique que nous avons soutenons la création d’un Observatoire régional des Violences faites aux Femmes en juillet 2013, adossé au centre Hubertine Auclert. Il est désormais un outil efficace pour nous permettre de mieux cerner les causes et effets de ces violences, et disposer de données régionales régulièrement actualisées.

 

Notre deuxième engagement, c’est la prévention de ces violences. Nous avons choisi de nous attaquer à la source des stéréotypes de genre et du sexisme. Dans le cadre de ma délégation, le Conseil régional finance notamment des modules de formation sur l’égalité femmes-hommes et sur les violences faites aux femmes auprès des jeunes élèves des formations sanitaires et sociales. Nous finançons également des ateliers de sensibilisation dans les lycées dans le cadre du dispositif « Jeunes pour l’égalité ». Nous n’avons pas peur des offensives sexistes qui sont menées aujourd’hui contre la déconstruction dès l’école des stéréotypes de genre ; nous ne reculerons pas.

 

Notre troisième engagement, c’est bien sûr le travail sur le signalement des femmes victimes de violence et l’aide aux victimes. 7 des 8 départements franciliens sont désormais couverts par le dispositif des « téléphones d’alerte pour les femmes en très grand danger », et nous avons enfin une réponse positive des Hauts-de-Seine. La Région a ici aussi été pionnière dans la mise en place de cette politique peu coûteuse mais très efficace. Nous nous engageons à le poursuivre dans l’attente du déploiement du dispositif national.

Nous soutenons également les actions d’aide aux victimes par une prise en charge juridique et psychologique des femmes victimes de violence mais aussi le suivi des enfants témoins. Nous avons engagé un soutien au travail de prévention et de suivi des auteurs, en lien avec le Service pénitentiaire d’insertion et de probation.

 

Enfin notre quatrième engagement, c’est l’accompagnement et donc l’hébergement de ces femmes victimes de violence afin de leur permettre de se reconstruire et d’entamer une démarche d’inclusion sociale. C’était un point fort du contrat de majorité signé à l’issue des dernières élections régionales, et il a été respecté. Nous venons de franchir le millier de places d’hébergement d’urgence pour femmes en difficulté soutenues financièrement par la Région depuis 2010. Il reste bien sûr un énorme travail, notamment en matière d’égalité des territoires pour que ces structures maillent toute la région, nous allons nous y atteler.

 

Bien sûr, ces engagements ne trouveraient pas d’aboutissements concerts sans celles et ceux qui sont en prise avec le terrain, en premier lieu les associations. Votre rôle est essentiel pour répondre aux urgences, accompagner les victimes et favoriser leur insertion. Je souhaite que cette action soit pérennisée, même quand l’argent public se fait rare.

 

Inaugurer un lieu d’accueil pour les femmes victimes de violence a toujours quelque chose de troublant. D’un côté nous sommes heureux car nous découvrons ensemble un lieu agréable, qui est l’aboutissement « dans le dur » d’un projet porté depuis des années. De l’autre, nous ne pouvons oublier que celles qui le fréquenteront sont d’abord des victimes d’une barbarie d’un autre âge. Aussi je formule le vœu, sans doute quelque peu utopiste, que ce lieu ne soit bientôt plus nécessaire.

 

En attendant, je souhaite à l’association « Du Côté des Femmes » une bonne installation dans ses nouveaux locaux !

 

Je vous remercie.

 

 

 

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