La qualité de l’air, grande cause régionale de santé en 2015

A l’occasion des 20 ans du programme ERPURS – Evaluation des risques de la pollution urbaine sur la santé – initié suite aux importants épisodes de pollution de l’hiver 1989 en Ile-de-France et à quelques mois de la conférence climat de Paris (Paris Climat 2015), la vice-présidente Laure LECHATELLIER a annoncé que la région Ile-de-France érigerait la qualité de l’air en grande cause régionale de santé l’an prochain.

La pollution de l’air est devenue une préoccupation majeure des Franciliennes et des Franciliens. Les pics de pollution de mars dernier ont particulièrement marqué la population. Un récent sondage l’atteste : 84% des Franciliens jugent désormais que la lutte contre la pollution de l’air est un enjeu prioritaire.

Trois millions de Franciliens sont quotidiennement exposés à un air qui ne respecte pas la réglementation. Cette exposition a des conséquences à court-terme (irritation, asthme, bronchite, etc.) mais aussi à long terme  sur la santé des Franciliens, qui connaît une explosion des maladies chroniques. Et cette pollution a surtout un coût social, environnemental mais aussi économique. Il est évalué entre 20 et 30 milliards d’euros par an pour la France métropolitaine, pour 6 mois d’espérance de vie en moins.

Dans une étude commandée par Airparif fin octobre, 83% des Franciliens jugeaient que la qualité de l’air était mauvaise, en hausse de 18 points par rapport à 2008. La qualité de l’air est devenue la première préoccupation environnementale des Franciliens (68%), devant le changement climatique (54%) et l’alimentation (49%).

Grande cause régionale de santé en 2015

La Grande cause régionale de santé sur la qualité de l’air permettra de mettre en lumière cette problématique mais aussi de soutenir des projets d’information et de sensibilisation des effets sanitaires de la pollution de l’air. Car nous savons que des gestes et des comportements peuvent réduire l’impact des polluants sur notre santé.

Cette Grande cause sera également marquée par la tenue en novembre prochain de la conférence sur le climat de Paris (Paris Climat 2015). Ce que nous rejetons dans l’atmosphère a un impact sur notre santé mais aussi plus globalement sur le changement climatique. C’est particulièrement le cas des particules fines, dont certains effets sont encore trop peu connus.

Le lien entre climat, qualité de l’air et santé doit être davantage travaillé. Agir pour le climat, c’est agir pour la qualité de l’air. C’est donc agir doublement pour notre santé, à court terme et à long terme. Nous devons plus que jamais penser globalement ces enjeux pour ensuite décliner localement des politiques publiques efficaces, au plus près des populations.

Ces populations sont d’ailleurs différemment touchées. Nous savons aujourd’hui que les effets combinés des différents déterminants sociaux et environnementaux de santé, ce que l’on appelle parfois « l’effet cocktail », touchent d’abord les plus pauvres dans une forme de double-peine sanitaire. En matière de santé aussi, l’écologie ne s’oppose clairement pas au social, bien au contraire.

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Une action régionale transversale pour la qualité de l’air

L’échelon régional est particulièrement pertinent en matière de climat et de lutte contre la pollution de l’air, surtout en Ile-de-France, immense région-métropole. L’action régionale est éminemment transversale en la matière : toutes les politiques sectorielles sont amenées à être mobilisées afin d’engager la région sur la voie de la transition écologique.

La région a élaboré avec l’Etat et l’ADEME le Schéma régional Climat Air Energie (SRCAE), voté en novembre 2012. La qualité de l’air y est un enjeu transversal. Les trois axes prioritaires du SRCAE traitent du climat et de la qualité de l’air. Il s’agit :

  • du renforcement de l’efficacité énergétique des bâtiments avec un objectif de doublement du rythme des réhabilitations dans le tertiaire et de triplement dans le résidentiel. C’est une ambition de la région Ile-de-France, qui permet également de lutter contre la précarité énergétique. Et c’est un engagement conjoint des vice-présidentes Corinne RUFET à l’environnement et l’énergie et Emmanuelle COSSE au logement.
  • du développement du chauffage urbain alimenté par des énergies renouvelables et de récupération, avec un objectif d’augmentation de 40 % du nombre de logements raccordés d’ici 2020. Le Plan de Protection de l’Atmosphère pour l’Île-de-France adopté en mars 2013 par l’Etat prévoit d’ailleurs l’interdiction au 1er janvier 2015 du chauffage au bois en foyer ouvert. A ce titre, on ne peut que regretter les hésitations de la ministre Ségolène Royal qui semble vouloir remettre en cause cette interdiction… Le chauffage au bois contribue à hauteur de 23% aux émissions totales de PM10 en Île-de-France, soit autant que l’échappement des véhicules routiers.
  • de la réduction de 20 % des émissions de gaz à effet de serre du trafic routier, combinée à une forte baisse des émissions de polluants atmosphériques (particules fines, dioxyde d’azote). C’est le cœur de l’action régionale menée par Pierre SERNE, vice-président en charge des Transports, avec :
    • le développement de l’offre de transports
    • le renforcement de l’accès à la mobilité (tarifs sociaux, passe Navigo unique à 70€)
    • la sortie progressive du diesel du parc d’autobus. Les particules émises par les moteurs diesel sont classées cancérigènes pour l’homme depuis 2012 par l’OMS. Sur la question des particules fines, il faut rappeler qu’elles représentent la particularité d’avoir non seulement des impacts sur la santé mais aussi sur le climat.

La Région a plus globalement réorienté son action vers la transition écologique, avec :

  • Le développement de l’agriculture biologique et des circuits courts pour limiter les émissions.
  • Une politique « environnement et biodiversité» qui permet la captation de particules et de CO2.
  • Une régulation importante en matière d’urbanisation et d’aménagement pour préserver les espaces naturels et les terres agricoles et pour rééquilibrer l’aménagement de la région afin de limiter les déplacements pendulaires (en Ile-de-France, on habite à l’Est et on travaille à l’Ouest).

La Région soutient l’observation et l’expertise en matière de qualité de l’air :

  • en finançant Airparif (1,5 millions d’euros en 2014) et en organisant chaque année depuis 2012 les assises régionales de l’air qui réunissent les acteurs du secteur pour faire un point sur l’évolution de la situation
  • en finançant l’Observatoire régional de santé et notamment le programme ERPURS qui a pour objectifs de quantifier les liens à court terme pouvant exister entre les niveaux de pollution atmosphérique couramment rencontrés sur Paris et sa proche couronne et divers indicateurs de santé (mortalité, hospitalisations, visites médicales à domicile…).
  • en organisant en 2015, sur proposition du groupe écologiste, une conférence citoyenne sur la pollution de l’air dans une démarche de démocratie participative.

Enfin la Région a développé depuis 2012 une nouvelle politique en matière de santé environnementale. Nous nous sommes pour l’instant concentrés sur l’environnement chimique et notamment les perturbateurs endocriniens en 2013, puis cette année sur l’alimentation. L’année 2015 sera donc celle de la qualité de l’air.

 

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